Le Ministère de la Santé et de l'Action sociale et l'American Cancer Society et la World Lung Fondation ont coprésidé hier lundi 1er octobre 2012 à l'hôtel Radisson le lancement de la 4ème édition de l'Atlas du Tabac. A l'occasion du 10ème Anniversaire de l'Atlas du Tabac, cette nouvelle version de l'ouvrage dont la première publication est parue en 2002 a été revue et mise à jour. Conçu par des spécialistes dans la lutte anti-tabac, ce précieux outil prévient sur les décès, les maladies liées au Tabac, ainsi que la pauvreté menaçant l'Afrique qui serait est une cible majeure pour la promotion et la vente des produits de l'industrie du tabac.
Un mort toutes les six secondes! Soixante millions de cas de décès par an, tels sont les chiffres ahurissants qui expriment le nombre de victimes du tabac dans le monde dont près de 80% dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires. Selon l’Atlas du Tabac, si cette tendance continue, un milliard de personnes mourront de l’usage du tabac et de son exposition durant le 21è siècle. Au niveau mondial, les décès liés au tabac ont presque triplé au cours de la dernière décennie et la cigarette est responsable de plus de 15%
des décès chez les hommes et 7% chez les femmes. Les trois auteurs de cet ouvrage : Michael Eriksen, enseignant et Directeur-Fondateur de l’Institut de Santé Publique de l’Université d’Etat de Géorgie, Hana Ross, économiste et Directrice Générale du Programme International de Recherche et de Contrôle du Tabac de l’American Cancer Society et Judith Mackay, médecin, conseillère principale de la World Lung Foundation et conseillère politique senior à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ont une grande connaissance de l’épidémie du tabac et de ses solutions .Engagé dans la lutte contre la consommation et la vente du tabac, ce plateau d’experts rejoint par la Ministre de la santé et de l’action publique Awa Marie CollSeck a mis en garde sur la consommation du tabac et de ses effets dévastateurs mais aussi elle a situé la responsabilité que les gouvernements ont dans cette lutte. Les activités de l’industrie du tabac sont en pleine croissance en Afrique. Selon l’Atlas du Tabac, quatre pays africains – Le Ghana, le Mali, La Mozambique et la Zambie – figurent parmi les cinq premiers pays ayant la plus forte hausse de production du tabac au cours de la dernière décennie.
Aujourd’hui, 3% des décès parmi les hommes peuvent être liés à l’usage de la cigarette, mais ces chiffres pourraient considérablement augmenter, car l’industrie du tabac ne ménage aucun effort pour rendre plus de personnes dépendantes de la cigarette. Les africaines, qui ont un pourcentage plus faible de prévalence comparé à celles d’autres régions du monde, constituent un souci particulier à cause de leur ciblage agressif et régulier par l’industrie du tabac.
Ces données prouvent que la santé des jeunes est mise en danger et qu’une politique agressive de marketing est en cours pour rendre plus dépendante une nouvelle génération de consommateurs, comme en témoigne la baisse des prix de Marlboro au Sénégal qui est passé de 30 Fcfa à 20 Fcfala cigarette.
Selon, Michael Eriksen, auteur principal de la quatrième Edition de l’Atlas du Tabac «Le contrôle du tabac est particulièrement important en Afrique où les taux de tabagisme dans la plupart des pays sont encore bas. Nous espérons pouvoir appuyer les actions des responsables de la santé publique et celles des communautés, avec les informations contenues dans l’Atlas du Tabac comme outil de plaidoyer et dans la lutte contre le fléau du tabagisme et sauver des vies».La représentante de l’OMS Dr Alimata Jeanna Diarra-Nama soutient que la consommation du tabac est la première cause de décès évitable, les non-fumeurs sont aussi exposés. Dans les prochaines années les chiffres atteindront 10 millions de morts sans compter l’impact économique.
Le Dr Abdoul Aziz Kassé, chirurgien oncologue et épidémiologiste, président de la (LISTAB) qui est un féroce combattant de la lutte contre le tabac estime à 14.4OO morts par jour soit « un cimetière/jr » le nombre de tués par le tabac. Selon lui, le fléau du tabagisme a fait plus de morts que l’ensemble des génocides dans le monde, alors que les 660 milliards de dollars, soit mille fois le budget du Sénégal qui reviennent chaque années aux industriels du tabac qu’il appelle « Vendeurs de la mort », auraient pu servir à autre chose. « Ils ne sont pas plus fort que l’amour que nous avons pour notre pays », a-t-il ajouté, le choix de Dakar pour lancer la prévention des citoyens du Sénégal et ceux de tout le continent, n’est pas fortuit car c’est par notre port que transite les tonnes de tabac qui sont distribuées dans la sous-région.
La ministre de la Santé et de l’action publique Awa Marie CollSeck a salué l’initiative de l’American Cancer Society et la World Lung Fondation de porter le choix sur le Sénégal pour lancer la version française de la 4éme édition de l’Atlas du Tabac ainsi que le plaidoyer au niveau national et international. Au moment où des progrès importants se font dans les pays développés, il y a une opacité dû à un manque d’informations dans les pays à faibles ou moyens revenus. En Afrique, le marché du tabagisme comporte 7 millions de consommateurs dont 20% de jeunes.
Selon elle, la situation est extrêmement grave au Sénégal où des jeunes âgés entre 13 et 15 ans 20% des garçons et 10% des filles consomment le tabac. « Nous voulons une couverture médicale universelle et il convient de prendre l’argent là où il est, c’est-à-dire au niveau des industries du tabac », a-t-elle affirmé en promettant de faire le plaidoyer au niveau des autorités supérieures du pays pour l’insertion d’une nouvelle loi anti-tabac s’inspirant de la convention cadre de l’OMS.
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