10/10/12

LUTTE CONTRE LE TABAGISME L’Afrique se désintoxique

Le tabac tue 6 millions de personnes par an à travers le monde dont 80% des cas sont des africains. Au Sénégal, même s’il n’y a pas à proprement parler de statistiques fiables portant sur le nombre de victimes liées au fléau du tabagisme, il reste constant que celui-ci occasionne des dépenses estimées à environ 37milliards de francs (chiffres de 2011) pour les soins des malades du tabac. Le fléau a atteint ainsi une côte d’alerte maximale qui constitue un motif valable pour la
mobilisation de toute la communauté africaine face à ce tueur silencieux. Aussi, l’urgence est aujourd’hui d’harmoniser les positions de l’ensemble des pays du continent avant la rencontre internationale sur ce fléau prévue au mois de novembre prochain à Séoul, en Corée du Sud. Il s’agira de se battre pour qu’il y ait des législations communes qui interdisent la prolifération des industries du tabac et son usage dans les lieux publics.
Dakar abrite depuis hier mardi 9 octobre jusqu’à vendredi prochain, une rencontre régionale réunissant les 48 Etats membres de la région africaine de l’OMS. L’objectif d’une telle rencontre est d’évaluer la mise en œuvre de la Convention cadre de l’OMS pour la lutte Anti tabac en Afrique et de permettre aux pays africains d’adopter une position commune à la prochaine Conférence de la Convention cadre qui va se tenir à Séoul en Corée du Sud au mois de novembre prochain. A l’occasion de la cérémonie d’ouverture présidée par le ministre de la Santé et de l’Action Sociale, le Pr Eva Marie Coll Seck a réaffirmé l’engagement du Sénégal à se conformer strictement à la ligne tracée par la Convention cadre de l’OMS que le gouvernement a ratifiée depuis 1985. Le seul paradoxe cependant c’est que malgré cette volonté de l’Etat, des industries de tabac prolifèrent dans le pays. Conséquence, le Sénégal qui était un pays précurseur dans la lutte contre le tabagisme en Afrique est entrain de faire marche arrière.

D’après le ministre, les lois contraignantes de 1981 ont été remises en cause. De quoi lui faire dire que la nouvelle loi, jugée de portée très faible, « a donné naissance à un arsenal législatif anti tabac dont l’inefficacité peut être visible surtout à travers la propagation du phénomène dans toutes les franges de notre société. Pire, les panneaux publicitaires se déploient et jalonnent les routes et les stades, vendant rêves et illusions aux adolescents », a encore dénoncé la ministre qui rappelle avec force les résultats des enquêtes de 2007 qui ont révélé qu’un quart (1/4) des jeunes enfants dans le pays commencent à fumer avant l’âge de 15 ans. Autrement dit, 20, 1 % des garçons et 10, 2% des filles fument régulièrement. Un véritable danger dans notre continent, selon la ministre, qui trouve nécessaire, voire « urgent » que l’Afrique harmonise sa position avec le reste du continent avant la rencontre de Séoul.

Il est en outre question de mettre un terme à la prolifération des panneaux publicitaires sur le tabac et de corser les taxes sur le produit afin d’interdire sa consommation à grande échelle. C’est le sens du vibrant plaidoyer du Pr Eva Marie Coll Seck.
Pour la représentante de l’OMS, il est à saluer que le Sénégal puisse retrouver son statut de tête de file de la bataille engagée contre le tabagisme. Et de rappeler l’urgence d’agir afin de faire échec au projet de l’industrie du tabac visant à rendre les populations africaines esclaves de la cigarette qui tue 6 millions de personnes par an dans le monde dont 80 % des cas surviennent dans nos pays. Elle a estimé nécessaire que la région africaine exploite toutes les opportunités offertes par le traité juridique international pour inverser la tendance.

Le Secrétariat de la Convention cadre de l’OMS pour la lutte anti tabac a salué l’engagement du gouvernement sénégalais,  avant d’inviter l’Afrique à accélérer les directives de la résolution de l’OMS relatives à la lutte anti tabac afin d’agir pour contrer l’industrie dont l’intention est « de saper le rôle des gouvernements et de l’OMS dans la mise en œuvre de politique de santé publique visant à lutter contre l’épidémie du tabac ».

En somme, ce sont 2 milliards de cigarettes (toutes marques confondues)  qui sont vendues chaque année au Sénégal, soit un chiffre d’affaires de 50 milliards par an. Une rondelette somme qui fait saliver des marchands de la mort au détriment des milliers de familles des victimes Sénégalaises.
Publié le 10/10/2012 | 05H33 GMT par Cheikh Tidiane MBENGUE 
 

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