1/14/13

Loi antitabac: des activistes appellent l’État à accélérer son projet

Mbacké, 13 jan (APS) - Des acteurs de la prévention du tabagisme ont renouvelé leur appel au Gouvernement et au Parlement du Sénégal, en les invitant à faire preuve de diligence en vue de l’adoption, dans les meilleurs délais, d’un projet de loi sur l’usage du tabac dans le pays.

La députée Mame Mbayang Dione avait interpelé le Premier ministre Abdoul Mbaye, lors de sa Déclaration de politique générale, le 10 septembre 2012, à l’Assemblée nationale), en l’amenant à se prononcer sur le projet de loi visant à lutter contre le tabagisme.

‘’Dans sa réponse, le chef du gouvernement assurait que le projet de loi serait adopté avant la fin de l’année. Nous sommes au mois de janvier et nous attendons toujours’’, a dit, samedi, Djibril Wélé, secrétaire général de la Ligue sénégalaise contre le tabac (LISTAB).

Cette association effectuait une visite auprès des marabouts à Touba (194 km, Centre). Ce déplacement entrait dans le cadre d’une tournée destinée à sensibiliser les familles religieuses du Sénégal sur les méfaits du tabac et les inviter à faire passer ce message.

‘’Jamais au Sénégal, il n’y a eu une société civile unifiée, un engagement du Parlement et un engagement du Gouvernement pour voter ce projet de loi’’, a souligné, à l’occasion, Dr Abdoul Aziz Kassé, président de la LISTAB. Depuis 2008, ce texte est ‘’dans le circuit administratif’’.

‘’Il est important que dans des pays comme les nôtres que s’organise clairement la lutte contre le tabac’’, selon le cancérologue qui a rappelé la Convention-cadre de lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce traité comporte toutes les dispositions pour lutter efficacement contre le tabac.

S’expliquant sur la place des religieux dans la lutte contre le tabac, Dr Kassé a précisé que le Sénégal était un pays musulman à plus de 90%. ‘’Les chefs religieux ont un rôle extrêmement important dans la sensibilisation et dans les recommandations en matière de comportements des populations’’, a-t-il estimé.

Dr Abdoul Aziz Kassé a insisté sur la lutte contre le tabac, soulignant que 30% des cancers découverts chez des patients sont liés à l’usage ou aux méfaits du tabac.

Pour sa part, Djibril Wélé a fait état de la situation de la lutte contre le tabac au Sénégal. Selon lui, des études menées ont révélé que le taux de tabagisme était en train de progresser, surtout dans les écoles, collèges, lycées et universités du pays.

‘’En milieu scolaire, a noté le secrétaire général de la LISTAB, un taux de 20,3% des garçons âgés entre 10 et 14 ans fument régulièrement et 13% des filles fument.’’

Par ailleurs, a-t-il indiqué, il est difficile de lutter contre l’industrie du tabac en raison d’une fortune qui leur permet de ne point lésiner sur les moyens de capter un marché jeune et de s’assurer notamment les bonnes grâces des décideurs.

Ces industriels, par an, versent au Sénégal 32 milliards de francs CFA en impôts et taxes, a signalé M. Wélé, pour qui, ‘’l’Etat doit être regardant sur les conséquences du tabac, surtout’’. ‘’Il ne s’agit pas de voir seulement les taxes que cela génère, mais il s’agit de voir combien de pertes de vies humaines sont-elles causées par le tabac.’’

‘’Au bout du compte, c’est l’Etat qui perd parce que la prise en charge des maladies causées par le tabac coûte excessivement cher’’, a ajouté ce dirigeant de la Ligue sénégalaise contre le tabac.

Les activités de l’industrie du tabac sont en pleine croissance en Afrique où la consommation de cigarette a augmenté de 57% entre 1990 et 2009, selon la quatrième édition de l’Atlas du tabac, un rapport lancé en octobre dernier à Dakar à l’initiative de l'American Cancer Society et World Lung Foundation.

‘’Les industries de tabac se replient en Afrique qui est devenue une cible majeure pour la promotion et la vente des produits de l’industrie du tabac’’, disait Peter Baldani, Directeur exécutif de World Lung Foundation.

‘’Au moment où des progrès importants sont réalisés dans les pays développés pour le contrôle et la réduction de la consommation du tabac, les pays en développement particulièrement ceux de l’Afrique subsaharienne stagnent dans une opacité due au manque d’informations fiables’’, soulignait-il.

‘’Aujourd’hui, 3% des décès parmi les hommes peuvent être liés à l’usage du tabac, mais ces chiffres pourraient considérablement augmenter car l’industrie du tabac ne ménage aucun effort pour rendre plus de personnes dépendantes de la cigarette'', a averti un des auteurs de l’Atlas, Hana Ross, présente lors de la cérémonie de lancement.

Selon ce rapport, 12% d’adolescents Sénégalais fument, tandis que des pourcentages plus élevés sont notés dans des pays de l’Afrique francophone où le tabagisme est en train de croître.

‘’Les taxes (et leur augmentation) régleront à la fois le tabagisme en diminuant la prévalence, mais également l’argent collecté à cet effet pourra être utilisé à d’autres fins notamment pour assurer la couverture médicale universelle (au Sénégal)’’, avait répondu Dr Awa Marie Coll Seck, ministre de la Santé et de l’Action sociale, lors du lancement dudit rapport.

ID/SAB
http://www.aps.sn/articles.php?id_article=107815 

No comments:

Post a Comment