6/5/12

Consommation du tabac dans les forces armées : La hiérarchie veut y mettre un terme

Parce que le tabac met en péril les effectifs disponibles dans les rangs des Armées, de nouvelles mesures contre la consommation du tabac pourraient voir le jour. Une des voix autorisées de la hiérarchie, pour qui le tabac est dangereux pour la défense et la sécurité nationale, en a fait la révélation. 

Fumer a longtemps été associé aux symboles de virilité et de courage dans les Armées. Il renvoie à l’image du fantassin terminant son bout de cigarette avant l’assaut, celle du capitaine d’artillerie scandant, cigare
sur les lèvres, les ordres à sa batterie, et enfin celle du commandant du navire bravant le mauvais temps, une pipe serrée entre les dents. Il est établi que dans de nombreuses armées, le taux de fumeurs est supérieur aux moyennes nationales et qu’il a tendance à connaître une hausse proportionnelle à la dangerosité du théâtre d’opération. Mais, les hommes en uniformes doivent-ils continuer de fumer, au moment où le tabac tue plus de six millions de personnes chaque année, loin devant le Sida et le paludisme réunis ? «Négatif», rétorquera, sans doute, la hiérarchie, avertie sur les méfaits du tabac.

«Quelles qu’en soient les causes, force est de constater que le tabagisme peut porter un coup sérieux à la sécurité et à la disponibilité opérationnelle d’une armée. Provoquant une accoutumance facile, le tabac peut créer un état de manque pouvant aller jusqu’à l’instabilité émotionnelle, préjudiciable à la cohésion et à la sécurité du groupe», avertit le Chef d’Etat major de la Marine nationale. L’Amiral Ameth Sané de renchérir : «Le tabac ruine également la condition physique du militaire, qui ne répondra plus aux exigences du combat qui nécessite souvent la mobilisation d’énormes ressources physiques pour l’exécution des tâches liées à la mission qui ne se limite pas à appuyer sur la détente».

De nombreuses études, menées sur des militaires ayant participé aux déploiements opérationnels au cours des dernières années, ont montré que les militaires fumeurs sont non seulement les plus exposés à divers accidents liés à la fatigue et au manque de concentration, mais surtout qu’ils sont les plus vulnérables face aux traumatismes psychologiques post-combat. «Le tabac tue à petit feu. Il met en péril les effectifs disponibles dans les rangs et réduit au sein des populations l’effectif mobilisable. Et c’est à ce titre que le tabac est dangereux pour la défense et la sécurité nationale», souligne Amiral Sané.

Selon lui, c’est donc naturellement que les Armées vont, à travers la Direction de la santé des armées, s’adosser sur un partenariat avec la ligue sénégalaise contre le tabac, pour renforcer leur action de prévention et de sensibilisation contre le tabac.  Il déclare que les différents échelons de commandement jusqu’au niveau des cadres de contact seront mobilisés, et les mécanismes de communication interne mis à profit. Le moment venu, affirme-t-il, les modalités pratiques de cette démarche seront déclinées de façon plus détaillée. «Nous avons le devoir de protection des militaires qui ont décidé de servir sous les drapeaux ; nous continuerons à l’exercer avec toute la volonté et la responsabilité nécessaires», avance l’Amiral Ameth Sané.
Prime de tabac
Selon le Chef d’état-major de la Marine nationale, Amiral Ameth Sané, «le tabac a longtemps accompagné la vie des armées à travers le monde. Il y a été institutionnellement présent pendant des siècles ; et jusqu’aux opérations de maintien de la paix les plus récentes, la prime de tabac a fait toujours partie intégrante de la ration ou du pécule de militaire sur le terrain». Amiral Sané d’indiquer que fumer peut obéir à différents motifs dont, pour les uns, la lutte contre le stress au combat, et pour les autres, la parade contre l’ennui dans le silence pesant des postes d’observation ainsi qu’un moyen simple de relaxation et de détente.  «C’est d’ailleurs ce qui fait qu’il n’est pas rare de trouver des militaires qui n’ont connu leur première cigarette que dans les armées, notamment au sein des troupes déployées dans les théâtres à haut risque», renseigne le Chef d’état-major de la marine nationale.
Ab. SIDY

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